D’après le livre de Jacques Salomé « Contes à aimer, contes à s’aimer ».
Selon Jacques Salomé les contes nous aident à guérir. Ils permettent de nommer l’indicible, de dénouer les contradictions, de réparer les blessures de notre histoire présente et passée. Ils nous aident à grandir, à croitre et à nous harmoniser. En stimulant notre imaginaire, les contes nous conduisent vers les recoins et les zones les plus inexplorés de notre histoire. Ils ont le pouvoir de s’adresser directement à l’inconscient sans intermédiaire. Les bienfaits d’un conte ne se mesurent pas au bien-être d’une première lecture. Certains contes chemineront plus longuement.
Je vous propose la lecture d’un conte, celui de la La femme qui décida un jour de ne plus fuir les occasions de rencontrer le bonheur.
« Il était une fois une femme qui souffrait beaucoup, et en particulier chaque fois qu’elle aurait pu être heureuse. Il faut vous dire qu’elle avait été une petite fille profondément blessée par la mort de sa mère.
Celle-ci, pour des raisons qui lui appartenaient, s’était, dans un moment de désespoir sans espoir, donné la mort. Elle avait pris trop de médicaments, mettant ainsi fin à sa vie.
La mort de sa mère avait fait une violence terrible à la petite fille qui avait à peine cinq ans au moment où cet événement pénible était entré dans sa vie. Et cette violence, elle l’avait gardée. Elle la portait en elle depuis plus de trente ans, tout au fond de son corps, dans sa tête, dans son coeur.
Mais comme il y avait beaucoup de vie en elle, elle avait survécu. Ce fut une petite fille courageuse, une adolescente intrépide qui voyageait beaucoup, une femme active qui avait du caractère. Mais il y avait une inquiétude, toute noire, permanente en elle, rassemblée autour de la crainte de perdre ceux qu’elle aimait. Elle était à la fois très solide et très fragile. Elle avait ainsi vécu plusieurs séparations amoureuses et cela l’avait beaucoup affectée, car vous comprenez que, chaque fois, se réveillaient en elle les blessures inscrites dans son corps de petite fille.
Un jour, elle décida d’aller sur la tombe de sa mère. Elle avait fabriqué, en rassemblant quelques vieux vêtements, une sorte de pantin qui représentait, de façon symbolique, la violence qu’elle avait reçue à la mort de sa mère. D’un seul coup, cela devenait urgent, il fallait lui rendre, restituer, vous l’avez compris, symboliquement à sa mère la charge négative inscrite en elle par la disparition de celle-ci.
Elle fit un long voyage en train de plus de huit heures et déposa l’objet sur la tombe de sa mère, avec une petite lettre qui commençait ainsi « Maman, ta disparition quand j’avais cinq ans m’a fait beaucoup de violence. J’étais trop petite, j’avais encore besoin d’une maman et surtout, surtout je n’ai pas eu le temps de te donner tout l’amour que j’avais en moi. A l’époque je n’avais pas de mots pour dire tout cela et je ne voulais pas ajouter de la peine au chagrin de papa. Tout cet amour que j’avais pour toi et que je n’ai pu t’offrir m’étouffe un peu. Et si aujourd’hui je dépose ce pantin qui représente la violence que j’ai reçue de toi, je reviendrai un jour prochain, avec un objet qui représentera tout l’amour que je n’ai pu te donner et que j’aimerais t’offrir avec beaucoup, beaucoup de tendresse et une affection infinie ».
Je ne sais comment se terminera cette histoire. Ce que je sais, c’est que cette femme fut très soulagée d’avoir pu faire cela. Au début, elle n’y croyait pas tout à fait, elle éprouva un immense soulagement, se sentit plus légère. Une grande partie de ses angoisses avait disparu et une aspiration extraordinaire à oser se faire plus souvent plaisir commença à l’habiter.
Comme elle était un peu artiste, elle dessina et se fit faire à partir de ce dessin un très beau bijou pour elle-même. Pour saluer la nouvelle femme qu’il y avait en elle et qu’elle souhaitait à l’avenir respecter. Et comme pour appuyer sa démarche, elle découvrit dans un livre une petite phrase qui la confirma sur son chemin de vérité : Ce n’est pas tant ce qui nous arrive qui est le plus important, c’est ce que nous en faisons ».
Voila donc un compte issu du livre de Jacques Salomé « Contes à aimer, contes à s’aimer ». Après la lecture de ce conte, quelles sont vos impressions ? Est-ce que cette lecture a réveillé en vous certains sentiments ?
Stellina
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